Ni vue, ni connu [Libre]

*Tu.. Tu penses pas qu'tu sors un peu trop ?*
*Pourquoi ? Ca t'plait pas qu'on soit là, à l'air libre ? ... 'Fin, libre quoi.*
*Si mais.. *
*Y a pas d'mais alors, laisse faire c'tout.*

Aïko s'arrêta devant la vitrine des sucreries, à coté d'un jeune homme. Elle l'observa à la dérobée et s'aperçut que sa silouhette lui était familière. Problème : Aïko ne connaissait que les gens de l'asile, cet personne était donc forcément quelqu'un de là-bas. Un Interne, probablement ...

Les yeux dans le vague, ses mèches rebelles encadrants son visage, elle le fixa encore un instant, avant de détourner les yeux.
Si cet interne aprenait aux Scientifiques qu'elle était sortie, elle serait encore plus surveillée qu'a l'habitude, se qui équivaudrait à ne plus pouvoir faire quelque chose sans surveillance. Il aurait probablement été plus prudent de s'en aller, mais elle préféra faire comme si de rien n'était. Doucement, elle força ses ailes à se faire encore plus petites.

Elle s'appliqua alors dans la contemplation de sucettes, chose qu'elle ne connaisait pas. Elle vit quelqu'un passer avec quelque chose de semblant dans la bouche, et en déduisit donc que ce truc était mangeable. A l'asile, ce qu'on leur donnaient n'était pas le top du top, loin de là ...

*Agito.. Tu vas bien ?*

*Pourquoi tu m'demandes ça Akito ? J'ai juste eu une absence.. Oublies moi un peu.*
*Difficle, étant donné que tu es dans mon corps.*

C'est pas une boutique pour les gens comme toi ici, tu ferais mieux d'aller trainer ailleurs.

Si tu comptes t'acheter quelque chose fait gaffe à ton porte-feuille. Ca disparait vite ces p'tites choses.

Aïko ne réagit pas. Elle se fichait bien de son portefeuille, ou bien même des sucreries, qu'elle n'avait jamais goûter. Elle regarda le visage du jeune homme et sourit sans conviction. S'appuyant sur la vitrine du magasin, elle déclara :

"- Je vois que je ne suis pas la seule à sortir de l'asile. Il doit bien en avoir d'autres."

Puis, elle regarda le porte monaie. De toute façon, rien ne lui faisait envie, elle se fichait de tout, n'avait plus goût à la vie misérable qu'elle menait. Elle tentait de sourir, de s'en sortir, mais, il fallait l'avouer, elle n'y arrivait pas. Le fait qu'elle ne ressente pas de douleur n'arrangeait rien.

"- Tu peux le garder, fait en ce que tu en veux, je m'en fous."

Aïko, que la dure vie rendait froide, avait attrapée cette apparence de fille déprimée, qui ne veux rien, ne souhaite rien. Elle montrait bien qu'elle était simple, tranquille, sans soucis plus grands que celui de mourir. C'était pour ça que ses coups de gueules étaient souvent éccoutés. Une chose était certaine, la jeune fille savait se défendre. Toujours avec cette aisance et cette simplicité qui énervait. Ceux qui la croyaient faibles se trompaient, et le payaient souvent de leur vie. Elle évitait simplement les conflits inutiles.

Alors comme ça t'es de la Zemphis' ?

Hum ... Ils vont vraiment chercher leurs cobayes n'importe où.

Si tu n'y vois pas d'inconvénients, j'ai des choses à faire.

Aïko rattrapa le porte monnaie avec une main souple. Le jeune homme fourra l'argent dans sa poche et repartit tranquillement. La jeune fille sourit. Ils allaient vraiment chercher leurs cobayes n'importe ou ? S'il savait qui elle était réellement ...
Aïko était néanmoins de mauvaise humeur : elle se serait battue volontiers. Mais tant pis, la vie n'est pas toujours comme on le souhaite ... Elle s'apprêta donc à repartir.

Mais elle remarqua alors que l'inconnu s'était figé. Peut-être, s'il revenait sur ses pas et qu'elle le provoquait un peu pourraient-ils se battrent ? C'était devenue l'une de ses occupations préférées ...
Un sourire s'étendit sur ses lèvres. Voir les gens ainsi lui donnait toujours une certaine joie ...
Elle se redressa alors et s'approcha du jeune homme.

"- Alors, un petit problème ?"

Ses yeux devinrent soudain plus sombre et, tendit qu'elle souriait, à tourna le dos à la personne.

*Akito ! Laisse moi tranquille putain !*

J't'en pose des questions ? Occupes toi de ton p'tit cul au lieu de t'occuper des autres.

J't'interdis d'me parler comme ça & surtout avec ce genre de sourire. Tu crois que parce que tu viens de la Zemphis' t'es forcément plus forte que tout l'monde ?

T'imagines même pas quel genre de monstre sort de leur labo' ... & Encore moins quel genre de monstre ils laissent se balader en ville.

Aïko, plaquée contre la vitrine du magasin, laissa l'inconnu continuer à gueuler. Il avait un peu raison, au fonds, et elle le savait. Néanmoins, son air mesquin et son rire mauvais confirmaient ce qu'elle pensait : jamais elle ne laisserait un être pareil obscurcir sa vue.
Elle resta de marbre, son souffle à demi-coupé ne lui produisait aucun effet. Si cette personne avait une once d'intelligence, peut-être comprendrait-elle à qui elle faisait réellement face.
Aïko n'était pas qu'une jolie fille comme on en croise dans les rues. C'était une meurtrière, et ça beaucoup l'oubliait ...
D'une voix tranquille, neutre, Aïko lança :

"- Non, je n'imagine pas quels genres de monstres ils laissent se balader dans les rues, mais j'imagine bien quels genre de monstres ils empêchent de ce balader dans les rues."

Peu importait les gens de la pâtisserie qui les regardaient bizarrement, Aïko se fichait bien d'eux. La perspective de pouvoir enfin peupler un peu ses journées lui suffisait. Elle détestait s'ennuyer et rester les bras croisés à ne rien faire.
Elle garda son petit sourire, celui qui agaçait toujours les autres. Ce genre de situations l'amusait, et encore plus quand elle en faisait partie. C'était comme un moyen de rendre la vie moins monotone, de s'amuser un peu.

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